Le pape Léon XIV commence sa troisième et dernière journée à l’hôpital de Deir el-Salib : « Ce que nous voyons dans ce lieu est une leçon pour toute l’humanité. »
Arrivé à 8h40, il a été accueilli par des milliers de personnes issues des institutions éducatives, sanitaires et scoutes de la congrégation, rassemblées dans la cour du monastère pour recevoir sa bénédiction, agitant drapeaux libanais et pontificaux au rythme des chants et des acclamations.
À l’entrée du monastère, le Pape a été reçu par la supérieure générale des Sœurs de la Croix, Mère Marie Makhlouf, entourée des religieuses. Il a ensuite écouté un hymne composé pour l’occasion, interprété par la chorale « Reliques de Abouna Yaacoub », formée de patients de l’hôpital. Le chant, intitulé « Amalna », est écrit par le poète Nizar Francis, composé et arrangé par le maestro Élie Alia, puis mixé et masterisé par Élie Fakhih.
La Première dame du Liban, Mme Nehmat Aoun, a assisté à la rencontre aux côtés de plusieurs patients, religieuses et membres du personnel médical et administratif.
Makhlouf
La supérieure générale des Sœurs de la Croix, Mère Marie Makhlouf, a salué le pape Léon XIV et déclaré :
« Soyez le bienvenu à l’Hôpital Psychiatrique de la Croix pour les maladies mentales et psychologiques, l’hôpital qui ne choisit pas ses patients, mais accueille avec amour ceux que personne n’a choisis. Ici, il y a des personnes oubliées, blessées par leur solitude, des visages qui n’apparaissent pas dans les médias, ni sur les podiums. Et vous voilà, par votre visite, affirmant aux petits frères de Jésus, les plus pauvres des pauvres et les plus démunis, qu’ils sont aimés de Dieu et qu’ils ont une place précieuse dans Son cœur et dans le vôtre. »
Elle a poursuivi :
« Vous avez élevé pour le monde une devise évangélique : ‘Heureux les artisans de paix.’ Et aujourd’hui, nous vous disons que la paix naît lorsque la main de l’Église tient la main d’un être humain qui ne sait même pas prononcer son nom. Nous vous remercions pour votre visite qui montre au monde que ces oubliés ne sont pas un fardeau pour la société, mais un trésor pour l’Église. »
Elle a ajouté :
« Nous vous remercions, car votre visite confirme que la Providence divine, celle sur laquelle notre fondateur, le bienheureux Père Yaacoub, s’est appuyé, ne nous abandonne jamais et continue de nous fortifier et de raviver notre foi. Notre mission est un miracle quotidien, un témoignage de ceux qui l’ont vécue. Comment une institution pauvre et démunie a-t-elle pu rester debout malgré les horreurs de l’explosion, de la faim, de la pandémie et de l’effondrement des institutions de l’État ? Comment continuons-nous sans soutien, en ouvrant pourtant nos portes toujours plus largement, alors que le monde les ferme devant ceux qui frappent ? La science n’a pas de réponse, ni de l’économie, ni de la logique humaine. Seul le ciel connaît la réponse. Voilà le grand miracle de notre Père Yaacoub. Nous vivons du ‘denier de la veuve’, sans que rien ne nous manque, et Dieu transforme les dons des bienfaiteurs en un flot d’amour, tout comme le Christ a multiplié les cinq pains et les deux poissons : le miracle se répète et les affamés sont rassasiés. »
Elle a ensuite adressé ces mots au Pape :
« Nous prions avec vous pour que vienne l’heure où le Liban, les croyants du monde entier et les filles du Père Yaacoub se réjouiront de sa canonisation sur les autels de l’Église. Qu’il soit un modèle lumineux d’amour pour les pauvres, leur intercesseur et un visage vrai du vivre-ensemble, lui qui accueillait les souffrants et fondait pour eux des institutions. Il fut véritablement ‘un État en un seul homme’ et une icône vivante de l’humanité, lorsqu’il disait : Je me voue entièrement au Liban et aux souffrants. »
Elle a conclu :
« Merci, Très Saint Père, d’être le père des oubliés, des abandonnés et des marginalisés. Soyez assuré que nous, nos patients, nos élèves et tous ceux avec qui nous œuvrons, vous portons dans nos prières. Nous supplions Marie, notre Mère, en répétant vos mots : Apprends-nous à rester avec toi au pied des innombrables croix, là où ton Fils est encore crucifié. »
Le Pape
Prenant la parole, le pape Léon XIV a déclaré :
« Merci pour votre accueil chaleureux. Je suis heureux de vous rencontrer. C’était mon désir, car Jésus demeure ici, en vous, les patients, et en vous qui prenez soin d’eux : les religieuses, les médecins et tous ceux qui travaillent dans le domaine de la santé et de l’administration. »
Il a ajouté :
« Je voudrais d’abord vous saluer avec affection et vous assurer que vous êtes dans mon cœur et dans mes prières. Je vous remercie pour le beau chant que vous avez interprété. Merci à la chorale et à ses auteurs. C’est un véritable message d’espérance.
Cet hôpital a été fondé par le bienheureux Père Yaacoub, l’apôtre inlassable de la charité. Nous nous souvenons de la sainteté de sa vie, manifestée surtout par son amour pour les pauvres et les souffrants. Les Sœurs de la Croix poursuivent son œuvre et accomplissent un service précieux. Merci, chères sœurs, pour cette mission que vous portez avec joie et dévouement. »
Il a poursuivi :
« Je voudrais également saluer et remercier très chaleureusement le personnel de l’hôpital. Votre présence professionnelle et votre attention aux malades sont un signe tangible de l’amour et de la tendresse du Christ. Vous êtes comme le Bon Samaritain qui s’arrête auprès du blessé pour l’aider et le guérir. Parfois, vous pouvez ressentir fatigue et découragement, surtout dans les circonstances difficiles où vous travaillez. Je vous encourage à ne pas perdre la joie de votre mission. Malgré les difficultés, gardez toujours devant vos yeux le bien que vous pouvez accomplir. C’est une grande œuvre aux yeux de Dieu. »
Il a souligné :
« Ce que nous voyons ici est une leçon pour tous, pour votre terre et même pour l’humanité entière. Nous ne pouvons pas oublier les faibles, ni imaginer une société lancée à toute vitesse vers un confort illusoire, en ignorant les innombrables visages de pauvreté et de fragilité. »
Il a dit :
« Nous, chrétiens — l’Église du Seigneur Jésus — sommes particulièrement appelés à prendre soin des pauvres. L’Évangile lui-même nous le demande. Et n’oublions pas que le cri des pauvres, entendu également dans les Écritures, nous interpelle. Sur le visage des pauvres souffrants, nous voyons imprimée la souffrance des innocents et, mystérieusement, celle du Christ lui-même. »
Il a conclu :
« Et vous, chers frères et sœurs éprouvés par la maladie, je veux seulement vous dire que vous êtes dans le cœur de Dieu notre Père. Il vous porte dans Ses mains, Il vous accompagne de Son amour, et Il vous entoure de Sa tendresse à travers les mains et les sourires de ceux qui prennent soin de vous. À chacun d’entre vous, Jésus dit aujourd’hui : Je t’aime, je veux pour toi tout le bien. Tu es mon enfant. Ne l’oublie jamais.
Merci à vous tous. Que Dieu soit avec vous. »
Après son discours, le Pape a récité une courte prière, puis a reçu de la Mère Makhlouf une icône de Saint Yaacoub et d’autres cadeaux commémoratifs. Il a ensuite quitté l’Hôpital Psychiatrique de la Croix pour se rendre au pavillon de Notre-Dame où il a rencontré des enfants dans le bâtiment « Saint Dominique » à l’écart des médias, avant de poursuivre sa visite vers le port, au son du chant spécialement composé pour l’occasion.
« Amalna » (Notre espoir)
Quant au chant « Amalna », composé pour la visite du pape Léon XIV à Deir el-Salib, il est est écrit par le poète Nizar Francis, composé et arrangé par le maestro Élie Alia, puis mixé et masterisé par Élie Fakhih.
Paroles :
La bénédiction s’est posée sur nous,
Et nous vous accueillons tous réunis.
Malgré la maladie, Dieu est là,
Présent en nous, vivant parmi nous.
Posez votre main sur nous et accordez-nous votre grâce.
Nous voulons prier pour dissiper l’obscurité.
Ô Pape, permettez-nous de vous demander,
Et notre espoir est que vous nous entendez.
Vous qui venez bénir notre assemblée
Et répandre par votre prière un grand amour,
Votre présence a rempli nos cœurs de joie
Et l’a élvée jusqu’au Ciel que nous aimons tant.
Ainsi nous a appris et guidés
Notre Père Jacques, notre pasteur,
Une lumière allumée dans les ténèbres,
Jusqu’à ce que l’obscurité devienne lumière.
Le plus grand miracle au monde,
C’est que nous soyons restés malgré les guerres,
Et que nous soyons encore ici aujourd’hui,
Par la grâce du Créateur et du Crucifié.
Et notre Père Jacques nous a unis.
Alors aujourd’hui nous vous demandons :
Ô Pape, priez et aidez-nous
Pour que notre Père Jacques soit proclamé saint