Allocution de bienvenue de Sa Béatitude Ignace Youssef III YOUNAN Patriarche d’Antioche pour l’Église syriaque catholique

01 décembre 2025 · 18:00
Très Saint Père, Pape Léon XIV,
Très Saintetés, Béatitudes, Éminences, Excellences, Grâces et Altesses,
Chefs des confessions chrétiennes et islamiques,
Mesdames et Messieurs,


Nous sommes réunis aujourd’hui à Beyrouth, ville meurtrie et profondément marquée par l’explosion tragique de son port, pour accueillir, au nom de toutes nos communautés religieuses et confessionnelles, Sa Sainteté le Pape Léon XIV. Il nous visite en tant que père spirituel de l’Église catholique, et en tant que frère pour chacun, uni à nous par notre humanité commune, portant la béatitude évangélique : « Heureux les artisans de paix. »

Nous prions et espérons, contre toute espérance, que cette visite contribue à instaurer la paix et la stabilité auxquelles aspirent avant tout nos pays du Proche-Orient, et en particulier le Liban, petit pays sur la carte, mais grand par sa vocation démocratique ainsi que par sa mosaïque religieuse et culturelle exceptionnelle. Un pays que Saint Jean-Paul II a qualifié non seulement de patrie, mais surtout de « Message », pour notre région et pour le monde entier.

Votre visite, Très Saint Père, coïncide avec deux événements historiques de grande importance pour la foi chrétienne :
Premièrement, la commémoration du 1700ᵉ anniversaire du premier Concile œcuménique de Nicée (aujourd’hui Iznik, en Turquie) où nos Églises ont organisé des rencontres œcuméniques pour célébrer cet anniversaire cher à tous les chrétiens, sans distinction : catholiques, orthodoxes et protestants, unis dans la prière et dans la profession d’une foi commune.

Deuxièmement, le soixantième anniversaire de l’appel au dialogue interreligieux lancé par le Concile Vatican II dans sa déclaration historique « Nostra Aetate » – « En notre temps ».

Reconnaissant les signes des temps, et sans renoncer à sa foi, l’Église catholique a reconnu la valeur des religions non chrétiennes, en particulier le judaïsme et l’islam, appelant au respect de leur vision de la foi en un Dieu unique, Créateur et Soutien de l’univers. Cette déclaration conciliaire est devenue une référence majeure dans les études et dialogues interreligieux, fondée sur l’acceptation de l’autre différent, le respect mutuel dans le « dialogue de la vie », et l’affirmation de la liberté religieuse et de conscience.

Très Saint Père, nous vous remercions pour votre visite, qui s’inscrit dans la continuité de vos saints prédécesseurs ayant exprimé leur solidarité avec les peuples du Moyen-Orient, berceau des trois religions monothéistes : le judaïsme, le christianisme et l’islam. Votre visite témoigne également de l’estime profonde que l’Église universelle porte aux Églises d’Orient, dont le riche héritage remonte au temps des Apôtres.

Nos peuples aspirent avant tout à la stabilité politique, à une paix constructive et à une fraternité humaine authentique entre tous les citoyens. Nous sommes convaincus que votre présence parmi nous nous encouragera à renforcer notre engagement indéfectible en faveur du vivre-ensemble, dans un esprit de dialogue interreligieux sincère, fondé sur la vérité dite avec charité et sur le respect mutuel, tout en demeurant fidèles à nos racines et à nos patries.

Par la grâce de Dieu le Tout-Puissant, le Père céleste selon notre foi chrétienne, et par la grâce de Allah Ta‘ala, selon la foi de nos frères et sœurs musulmans, nous renouvelons notre engagement à marcher ensemble, guidés par l’Espérance qui ne déçoit jamais, pour devenir des bâtisseurs de paix véritable au Liban et dans tous les pays du Moyen-Orient.

Et comme nous le répétons sans cesse dans nos prières selon le rite syriaque d’Antioche, ‘Mettons notre confiance en Dieu.’ 

Merci.